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Colloque "Quels devenirs pour nos églises ?"              

Le 7 mars 2020 s’est tenu à Trois-Ponts le colloque "Quels devenirs pour nos églises?".

La désaffection croissante pour le rite catholique menace la pérennité de nos lieux de cultes, devenus coûteux à entretenir. Face à ce constat, inquiétant pour bon nombre de nos concitoyens, des experts ont offert une vision d’avenir positive et présenté les solutions déjà mises en place dans les régions limitrophes.

A034 Avenir des églises (1)

Personne ne nie la réalité : une fréquentation en chute libre, la raréfaction des célébrations, une défiance vis-à-vis de l’institution religieuse, bref un contexte toujours plus prégnant de laïcisation relègue progressivement nos églises à un fonds de musée en plein air, dont les finances publiques ne pourront pas supporter indéfiniment l’entretien.

Ces vastes volumes, bien localisés au cœur de nos lieux de vie, ne pourraient-ils pas être mieux rentabilisés, ou du moins rencontrer une utilité pour un plus grand nombre de contribuables ?

Sujet sensible et délicat, il fallait lever certaines craintes et oser le pari de l’ouverture, du partage, de la curiosité et de l’écoute. Nous étions 115 personnes (élus, fabriciens, architectes, urbanistes, citoyens, paroissiens...) portées par l’intérêt de dresser un premier état des lieux et de se voir offrir des regards spécialisés.

Face à cette problématique, la meilleure attitude est en premier lieu d’observer ce qui se fait déjà ailleurs, près de chez nous. Ainsi Jonas Dankers, conseiller au sein de l’asbl PARCUM, est venu nous présenter le cas de la Région flamande, où a été mis en place le Kerkenbeleidsplan (Plan de Gestion stratégique des Églises). Il définit 4 axes : la valorisation des édifices (ex. : par des événements), les utilisations concomitantes (par d’autres collectifs, en alternance avec le culte catholique), les destinations secondaires (ex. :expositions) et les réaffectations (par ex. : en bibliothèque). Présentation

Jonas Dankers

Virginie Watier, architecte-conseil au CAUE 54 (Conseil d’Architecture,d’Urbanisme et de l’Environnement de Meurthe et Moselle), nous a présenté les projets en cours en Meurthe-et-Moselle, eux-mêmes inspirés de l’expérience québécoise.Une particularité de l’approche française semble bien être une prise en considération des édifices dans leurs rapports les uns avec les autres, en tant qu’ils forment un maillage du territoire. Chaque bâtiment est évalué sous quatre angles appelés “regards croisés” :

  1. sa valeur architecturale,
  2. son état technique et sanitaire,
  3. les usages cultuels etculturels qu’il accueille et
  4. ses qualités urbaines et paysagères.

Le devenir des églises prend ici place dans une réflexion d’ensemble axée sur le devenir des territoires ruraux induit par les impératifs environnementaux qui vont s’imposer dans les années à venir.

L’église est envisagée dans une campagne considérée comme lieu d’innovation et de changement. L’église, le plus souvent centrale au village, est perçue comme ayant un rôle stratégique à jouer dans la vitalité de villages qui se voudront redensifiés pour préserver les sols et la biodiversité être dynamisés par le retour au local. L’église comme les anciens bâtiments de ferme renferment un potentiel de réactivation de nos villages.Un court-métrage d’animation, extrêmement bien conçu, présente la problématique en général, qui est aussi la nôtre, et la réponse du CAUE 54. Présentation

Vidéo "Le devenir des églises - Territoires d'avenir"

Jacques Hansel, directeur de projets chez IDELUX, explique que l'intercommunale dispose d’un service de “veille” des enjeux communaux, où la question du futur des lieux de culte est récurrente. Son analyse souligne des mouvements inverses : d’un côté la fréquentation des églises diminue, de l’autre la demande d’espaces de convivialité augmente. Ce paradoxe pourrait se résoudre, en tenant compte de distinctions qu’il a explicitées, par la co-jouissance des édifices, des affectations secondaires et bien entendu des réaffectations. Présentation

Jacques Hansel

Annick Burnotte (MUFA) a conclu ces présentations par des exemples wallons d’usages partagés (réseau Églises ouvertes, concerts, salles culturelles, etc.) et de transformations d’édifices : l’église de Marcouray-Rendeux à présent salle communale,la chapelle des Soeurs de la Doctrine Chrétienne de Virton devenue la“Biblio’Nef”, l’espace culturel des Capucins de Stavelot, l’église Saint-Martin de Latour désormais propriété des Musées de Latour et le couvent des Pères Franciscains de Bertrix converti en “résidence service” et crèche. Présentation

Annick Burnotte

L’après-midi était dédiée à une approche du sujet à la fois plus symbolique et plus institutionnelle.

Intervenants de l'après-midi

Pour Eric de Beukelaere, Vicaire épiscopal de l'Evêché de Liège, l’église doit être envisagée comme un bâtiment public au sens le plus large et le plus humain du terme ; dans cette perspective, "elle n’est pas une charge, mais elle est une chance !", exprime-t-il sans pour autant occulter la vocation première du lieu de culte.

Françoise Hamoir (Chantier paroissial pour le diocèse de Namur/Luxembourg) et Pascal Roger, Doyen de La Roche ont proposé une réflexion sur le rôle historique et mémoriel de l’église qui est également un espace de gratuité, de silence, de partage, de convivialité... "Prendre soin de l’église, c’est un peu prendre soin de l’être humain" , résume le Rochois. Il propose que dans leur réaffectation, les bâtiment cultuels demeurent des lieux de patrimonialité et de communion. Présentation

Xavier Drion, juriste, coauteur de "Les Fabriques d’église et établissements assimilés", nous a livré un aperçu plus institutionnel de la gestion des églises.En Belgique, elles sont au nombre de 4296 pour 581 paroisses. De 2012 à2016, 75 dossiers de désaffectation ont été introduits, contre 31 pour la seule année 2018 ! Présentation

Gabriel Ringlet, théologien estime, dans son intervention intitulée "Les églises, des lieux pour accueillir l’humanité aujourd’hui.", que ce serait une fierté pour l’Église de mettre ses bâtiments à la disposition d’une population plus large, sur le plan culturel certainement, sur le plan cultuel peut-être.

Retrouvez l'article complet de Monsieur Jean-Philippe Legrand.